Métier de Mineur. Métier d’Honneur !
Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, la Belgique se trouve dans une situation économique relativement favorable. Contrairement aux pays voisins, son tissu industriel n’a pas connu de dommages majeurs et elle profite de la rapide réouverture du port d’Anvers. Les entreprises belges peuvent dès lors répondre aux demandes des pays voisins prêts à payer au prix fort les biens d’équipement et de consommation indispensables à leur reconstruction. Pour ce faire, il lui faut cependant relancer sans tarder la production de charbon, seule source énergétique disponible facilement. Le gouvernement Achille Van Acker, du nom du premier ministre en charge de la question du charbon, lance la Bataille du charbon qui entend retrouver rapidement le niveau de production charbonnière d’avant-guerre. Cependant, depuis l’entre-deux-guerres, le métier de mineur ne trouve plus grâce aux yeux des travailleurs belges en raison de la pénibilité du travail et de son caractère dangereux. Afin de parvenir à ses fins, un statut du mineur est mis en place dès avril 1945 qui octroie des avantages visant à attirer des travailleurs vers ce métier en pénurie de main-d’œuvre : prime de recrutement, sécurité sociale spécifique, congés supplémentaires, revalorisation de pension, etc.
La Bataille du charbon ne se mène pas sur le seul plan matériel, mais également sur celui des idées. Elle s’accompagne d’un discours visant à exalter la figure du mineur. En le comparant à un « héros » qui accomplit un « métier d’honneur », il s’agit de persuader l’ouvrier mineur que son travail est apprécié à sa véritable valeur. De manière symbolique, des diplômes et insignes d’honneur sont d’ailleurs prévus.
Le gouvernement n’hésite cependant pas à recourir à la contrainte. Tous ceux qui depuis le 10 septembre 1944 ont été, à un moment quelconque, occupés dans un charbonnage, sont mobilisés. Par ailleurs, pour faire tourner les charbonnages, il n’hésite pas à recourir aux prisonniers allemands (en décembre 1945, ils étaient 46 000 occupés dans les mines), puis aux inciviques. Dans le même temps, des pourparlers sont menés avec le gouvernement italien; ils aboutissent le 23 juin 1946, au protocole d’accord minatori-carbone organisant l’envoi de travailleurs italiens vers la Belgique. En parallèle, des campagnes de sensibilisation aux accidents de travail sont menées qui visent à convaincre que ce problème majeur dans les charbonnages est pris à bras le corps.