Le drame du Bois du Gazier
Avec ses 262 morts, la catastrophe qui se déroule le 8 août 1956 au charbonnage du Bois du Cazier à Marcinelle restera comme la catastrophe charbonnière la plus meurtrière qu’ait connu la Belgique. À la suite d’une méprise, un wagonnet plein de charbon est “encagé” (introduit dans la cage d’ascenseur) au niveau 975 de la mine. Cette opération s’accompagne normalement de l’éjection automatique d’un wagonnet vide de la cage. Malheureusement, le mécanisme est défectueux et les deux wagonnets restent calés, une partie dépassant de chaque côté de l’ascenseur. Lorsque la surface appelle l’ascenseur, les wagonnets heurtent violemment une poutrelle entraînant une fuite d’huile et une section des fils électriques. Un incendie se déclare rapidement et sa propagation est fulgurante en raison de l’aérage des puits. Les gaz toxiques sont propagés par les conduits d’aération à l’ensemble de la mine. Alertés, les médias viennent rapidement sur place et couvrent minute par minute l’événement. Sur les 275 ouvriers descendus dans la mine ce matin-là, 262 décèdent dans la catastrophe (dont un nombre important de travailleurs italiens).
Le rapport de l’enquête diligentée par l’Administration des Mines à propos de cette catastrophe ne retient aucune responsabilité. Une commission d’enquête parlementaire est réunie fin août 1956, sous la pression populaire, fort marquée par cette tragédie. Elle s’attarde exclusivement sur les questions techniques tout en éludant des questions fondamentales comme l’accroissement intense de la production ou la vétusté des installations. Lors de l’enquête judiciaire, les experts mettent en évidence une série de causes potentielles de la catastrophe (défauts en matière de signalisation, procédures mal organisées pour la remontée et la descente des cages, proximité de fils électriques et de conduites d’huile sous pression, etc.).
Le Parti communiste de Belgique réunit des fonds (notamment via la vente de la carte postale ci-contre, signée Didier Geluck, alias Diluck) afin de financer un ensemble d’avocats en vue d’assister les familles des victimes. Après une saga qui durera plus de 18 mois (acquittement des prévenus en première instance puis appel), le directeur divisionnaire du bassin de Charleroi-Namur est condamné à de la prison avec sursis et une amende de 2000 francs belges. Un deuxième pourvoi en cassation, mené par les parties civiles avec l’appui des communistes, entraîne le renvoi de l’affaire à la cour d’appel de Liège en 1962, mais les dirigeants de la mine souhaitant mettre fin aux poursuites judiciaires, décident de transiger et acceptent un règlement à l’amiable du conflit. Ils octroieront 3 000 francs belges par victime.