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L’Affiche rose

Le 23 juin 1946, les gouvernements belge et italien signent un protocole d’accord prévoyant l’envoi de 50 000 travailleurs italiens vers les mines belges. Pour la Belgique, il s’agit d’une manière de remporter la Bataille du charbon lancée dès février 1945. Pour l’Italie vaincue, c’est un moyen de prouver au monde sa volonté d’arriver au relèvement économique de l’Europe et en même temps d’assurer sa fourniture en charbon dont elle a grandement besoin.

Afin d’attirer les candidats à l’exil, la Fédération charbonnière de Belgique (Fédéchar) placarde en 1946, un peu partout en Italie, l’Affiche rose qui vante les conditions « avantageuses » offertes aux mineurs de fond, à savoir salaires alléchants, une prime de recrutement, des allocations familiales et primes de naissance, les congés payés (équivalant au total à 34 jours payés par an), la gratuité des chemins de fer (pour le voyage Italie-Belgique et en Belgique pendant les congés du travailleur), etc. Par ailleurs, le travailleur italien bénéficie des mêmes lois sociales que les travailleurs belges. Les candidats sont invités à s’inscrire aux bureaux de recrutement provinciaux. Les côtés dangereux et insalubre du travail de mineur sont bien évidemment passés sous silence.

De 1946 à 1954, quelque 150 000 Italiens, pour la plupart chassés par le chômage et la misère qui règnent dans leur pays, viendront tenter leur chance dans ce qui leur est présenté comme l’Eldorado belge, donnant lieu à une immigration économique massive. Beaucoup ne trouveront au bout de leur voyage que désillusion et exploitation. La catastrophe de Marcinelle, dans laquelle périssent 262 mineurs dont 136 Italiens, met fin aux accords belgo-italiens. Privée de la main-d’œuvre italienne, la Fédéchar se tourne alors vers la Grèce et l’Espagne, puis au début des années 1960, vers la Turquie et les pays du Maghreb.

L'affiche rose © ©L'affiche rose
L'affiche rose