La fiche de présence de Megumi Kurita, conducteur de wagonnets dans la mine de Mitsubishi shinnyû
Ce document est la fiche de présence de Megumi Kurita, conducteur de wagonnets (saodori) dans la mine de Mitsubishi shinnyû. Les colonnes représentent les mois de janvier à juillet 1957. Chaque fois que le mineur effectue 8 heures de travail, un cercle rouge est apposé.
Il n’est pas rare que le mineur enchaine deux cycles de travail de suite, c’est-à-dire travaille 16 heures de suite. Deux cercles à la suite sont donc apposés et dans un des deux cercles est écrit le caractère « ren » 連, c’est-à-dire « de suite ». On peut remarquer que lorsque le mineur travail 16 heures de suite, il ne prend pas de congé le lendemain. Il lui arrive même de faire deux jours de suite 16 heures. C’est-à-dire 32 heures sur deux jours comme c’est le cas les 23 et 24 juillet. Il peut aussi travailler 13 jours de suite sans prendre un jour de repos, avec même un jour deux fois 8 heures, comme c’est le cas entre le 17 et 29 juin. Même lorsqu’il ne fait qu’un cycle de travail, il faut souvent des heures supplémentaires, il fait donc une journée à plus de 8 heures. Sur un mois, il travaille plusieurs fois 33 fois un shift de 8 heures, plus les heures supplémentaires, comme en janvier, en avril et en juillet. Un grand nombre de dimanches et mêmes de jours fériés sont travaillés.
Il est intéressant de noter que la fiche est datée selon le calendrier grégorien (1957), le calendrier japonais (année 37 de l’ère Shôwa, c’est-à-dire du règne de l’empereur Shôwa), mais aussi plus étonnant, année 2617 depuis le règne du premier empereur mythique Jinmu. Le culte lié à l’anniversaire du règne de l’empereur Jinmu avait surtout cours pendant la seconde guerre mondiale dans le cadre de l’effort de mobilisation spirituelle de la population. L’anniversaire des 2600 ans a fait l’objet de commémorations particulièrement poussées. Ainsi, on peut interpréter que cette fiche de présence, marque de la mobilisation du travailleur et d’un productivisme poussé à l’extrême, reste baignée d’une symbolique de mobilisation générale directement issue de la seconde guerre mondiale mais cette fois dans le cadre de l’effort de reconstruction de l’économie nationale après la guerre.