Le carnet de surveillance du coron (tanjû炭住) à la mine Hirayama Meiji Ajouter à la sélection

Un surveillant, appelé Gaikin, était chargé d’observer et de consigner dans un livret de surveillance ce qu’il se passait dans le coron. La couverture du cahier portait le nom du surveillant et la première page récapitulait la nature des tâches à effectuer. Le document date de 1965-1966:

“Consigner ce dont le surveillant a pris connaissance directement en écoutant et en regardant en dehors des 8 heures de travail.

1. Les faits en relation avec la surveillance en dehors du puit de mine.
2. Les faits appris au contact direct des mineurs
3. Les faits en relation avec l’enseignement et la formation des mineurs et leurs familles
4. Les actions du syndicat (différentes instances, les tracts, les affiches…)
5. Les faits et gestes des autres types d’organisation.

Le carnet remontait alors chaque jour à la hiérarchie les faits, chaque supérieur apposant son seau pour indiquer qu’il en avait pris connaissance. Ces rapports de surveillance montrent une attention particulière pour à la fois la réaction des mineurs aux mesures de gestion des ressources humaines, les actions du syndicat, mais aussi des faits divers plus ou moins insignifiants se déroulant dans le coron.

Sur la fiche datée du 1^er novembre 1966, les rubriques 1, 3 et 5 sont indiquées comme ne faisant pas l’objet d’observation de faits inhabituels. Pour la rubrique 2, il est indiqué que 3 mineurs recrutés en novembre 1963 ont exprimé leur souhait de quitter l’entreprise s’ils étaient amenés à changer de poste et s’ils avaient assez d’ancienneté pour toucher la prime de départ. Le surveillant se demande ainsi si d’autres mineurs sont aussi dans cet état d’esprit.

Sur la fiche du 2 novembre 1966, les rubriques 1, 3 et 5 sont indiquées comme ne faisant pas l’objet d’observation de faits inhabituels. Pour la rubrique 2, il est indiqué qu’un mineur, désigné par son nom, s’est rendu au bureau du syndicat en compagnie de 2, 3 autres membres syndicaux. Le sujet de discussion était le contenu des conventions collectives sur les changements de poste de travail. Il a été constaté que les conditions prévues étaient bonnes pour les mineurs, au niveau de celles de très grandes entreprises. Sur la fiche datée du 4 novembre 1966, la rubrique 1 fait mention que le 3 novembre à 7 heures trente, un mineur du nom de Miyazaki a surpris un individu en train de regarder dans le bain des femmes travaillant à la mine. Le visage du voyeur ne lui était pas connu, et il était âgé s’environ 35 ans. La rubrique 2 rapporte qu’un mineur est venu reconnaitre le nouveau lieu de travail où il a été muté et était d’accord avec cette mutation. Le point 4 rapporte la tenue d’une réunion syndicale.